J’offre des ateliers d’écriture aux enfants et aux adultes. J’aime faire découvrir le haïku, ce court poème de moins de dix-sept syllabes qui raconte un petit moment de notre vie.
Pour jouer avec les mots, je relève le défi de faire entrer ce petit moment dans la formule classique du haïku :
vers court (5 syllabes)
vers long (7 syllabes)
vers court (5 syllabes)
Un exemple?
L’été dernier, j’ai fait du camping à Carleton-sur-Mer, en bordure de la Baie des Chaleurs, en Gaspésie.
Là-bas, le soir, les pêcheurs se rassemblent sur la plage du camping pour attraper un poisson très combatif, le bar rayé.
Pour pêcher ce poisson, il faut lancer notre ligne très loin à l’aide d’une longue canne très robuste. Je devais prendre un élan et lâcher la ligne au bon moment. Ce n’était pas facile! Pour éviter d’attraper un autre pêcheur, je me suis éloignée. J’écoutais le doux bruit des vagues. Le ciel se teintait de rose. Un croissant de lune est sorti d’un nuage. Je me suis pratiquée à lancer en visant la lune. Le ciel s’est rempli d’étoiles. C’était magnifique! Un beau moment que je ne veux pas oublier! J’ai même capturé mon premier bar rayé!
Nancy Montour
Dans mon carnet de poésie, j’ai écrit :
écouter les vagues
marcher le long de la Baie
jusqu’à la lune
Un deuxième haïku se cachait dans le même petit moment :
plage du camping
viser le croissant de lune
premier bar rayé
Un exercice digne d’un atelier d’écriture!
Il est possible de jouer le jeu à l’envers! Partir d’un haïku et inventer son petit moment! Une belle façon de développer notre créativité!
Voici un haïku tiré de mon recueil Du bout de mon crayon-From the tip of my pencil.
tombe, vole, danse
petit miracle du froid
le temps d’un flocon
Un petit moment, tout comme une histoire, doit répondre à certaines questions :
QUI? Qui voit ce petit flocon tomber, voler et danser?
QUOI? C’est facile! Voir un petit flocon tomber, voler et danser!
OÙ? Bonne question!
QUAND? Pas facile de choisir!
Le chat cherchait un endroit chaud pour se blottir. Il tournait autour de Théo, mais la pluie des derniers jours avait mouillé la paille qui remplissait les bottines de l’épouvantail. Le chat sauta sur une citrouille qui n’avait pas encore été cueillie. Il miaula pour dire à l’hiver de retourner se cacher. L’automne n’était pas fini! L’hiver arrivait trop tôt! L’épouvantail, lui, souriait lorsqu’un flocon de neige se posa doucement sur son chapeau.
Les haïkus sont partout! Ils jaillissent de l’ordinaire de la vie! J’adore faire découvrir cette poésie du quotidien et de l’éphémère.